Maia est actuellement en Tunisie et occupée à y remet en état la harpe ancienne de l’orchestre national. La harpe, qui appartenait à l’orchestre national de la Radiodiffusion française à Tunis, date de 1908 et n’a pas été jouée depuis 1956. C’est une harpe de la maison Erard, dont le fondateur, Sébastien Erard, n’est autre que l’inventeur du mécanisme de pédales à double mouvement qui permet aux harpistes de jouer les demi-tons — autrement dit l’inventeur de la harpe de concert moderne.
Le système de Sébastien Erard, breveté en 1810, arrive après trois siècles d’expérimentations et d’essais plus ou moins fructueux des luthiers pour faire sortir la harpe de son diatonisme. Il consiste en 7 pédales (une pour chaque note de la gamme), avec pour chaque pédale 3 positions possibles (bémol, bécarre, dièse). A chaque fois que le harpiste descend une pédale d’une position, les cordes de la note correspondante sont raccourcies par des ‘fourchettes’ métalliques et leur son monte par conséquent d’un demi-ton. C’est une révolution, qui permet enfin à la harpe d’être reconnue comme un instrument à part entière, digne de l’intérêt des compositeurs et digne d’une place au sein de l’orchestre. Le succès immense et immédiat. La maison Erard a arrêté sa production en 1959, mais ses harpes sont toujours prisées et jouées à travers le monde.
La harpe de l’orchestre a une table d’harmonie ‘droite’ (étroite), comme toutes les harpes de l’époque. Cela signifie que son son porte moins que celui des harpes récentes à table ‘large’, qui ont une superficie de bois entrant en résonance plus importante. Mais en contrepartie cette harpe présente une grande précision d’attaque, en particulier dans les basses (qui résonnent moins et sonnent moins ‘flou’) et un timbre très défini. Le bois de la harpe est en bon état pour un instrument de cet âge. Le mécanisme en revanche a souffert de l’action du temps et de la rouille.